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TABAC: LE PAQUET NEUTRE, OUI! MAIS OU EST PASSE LA COMPOSITION

 

La composition des cigarettes et du tabac à rouler est désormais introuvable. Des fumeurs revendiquent le droit de savoir ce qu’ils consomment.

Le paquet neutre arrive peu à peu chez les buralistes. Depuis le 21 novembre, les fabricants de tabac ne livrent plus de paquets à leurs couleurs, mais utilisent le format standard fixé par l’ordonnance du 19 mai 2016 : couleur unique, taille de caractères uniformisée, absence de toute allégation quelle que soit la marque. À partir du 1er janvier 2017, les anciens paquets avec le logo de la marque seront totalement interdits à la vente.

Cette évolution n’est pas sans poser quelques soucis aux buralistes, perdus dans les centaines de références qu’ils ne peuvent plus repérer grâce aux couleurs des paquets. Mais elle était attendue par de nombreuses associations de lutte contre le tabagisme, tels la Ligue contre le cancer ou le CNCT, qui appelaient à adopter le paquet neutre pour protéger les jeunes.

Disparus, les agents de texture et de saveur ?

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Plusieurs consommateurs nous ont cependant confié leur étonnement en découvrant les nouveaux paquets. Car les étiquettes des cigarettes ou du tabac à rouler ne doivent plus indiquer aucune information sur la teneur en nicotine, en goudron ou en monoxyde de carbone.

Aucune indication ne figure non plus sur les éventuels agents de texture et de saveur que les fabricants ajoutent couramment à leurs produits. « Je m’étonne de ne plus trouver trace des mentions légales comme la teneur en tabac, papier et additifs, s’inquiète ainsi Tristan. Plus rien ne me garantit que je fume encore du vrai tabac ! »

 

Éviter que les consommateurs ne comparent

C’est bien ce que prévoit la nouvelle réglementation, qui transpose la directive européenne 2014/40/UE sur les produits du tabac. La disposition peut paraître surprenante à l’heure où l’on réclame toujours plus d’information et de transparence sur ce que l’on consomme. Mais « cette interdiction a vocation à ne pas désinformer les consommateurs sur les dangers du tabagisme », explique le ministère français de la santé.

« La directive considère en effet, poursuit le ministère, qu’il convient d’éviter que les consommateurs comparent les cigarettes entre elles pour adopter celles qu’ils croient être les moins nocives, oubliant que nombre de risques liés au tabagisme sont identiques peu importe la composition des produits du tabac. »

Accroissement de l’accoutumance

Cette explication se heurte tout de même aux pratiques de certains fumeurs qui veillent à choisir des cigarettes contenant le moins d’additifs possible, le rôle de certains d’entre eux dans l’accroissement de l’accoutumance et dans l’émission de nouvelles substances dangereuses ayant été démontré.

Une fumeuse, Jeanne, explique : « Je ne fume que du 100 % tabac, mais sur les nouveaux paquets plus rien n’est indiqué ! Avec ces nouveaux paquets, je suis moins bien informée qu’avant ! »

Les listes d’ingrédients datent de 2013

Les fabricants sont tout de même toujours tenus de déclarer à l’État la liste des ingrédients qu’ils utilisent dans chacun de leurs produits. Jusque-là, ils étaient censés fournir ces informations au Laboratoire national d’essais (LNE). On peut en effet accéder à cette base de données par marques et fabricants sur le site du LNE. Mais le fichier n’est hélas plus à jour depuis 2013 !

Le ministère de la santé indique qu’à partir de 2017, ces informations figureront sur le site de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Mais aucune échéance précise n’est encore fixée. L’Anses elle-même explique qu’elle dispose, pour l’heure, de peu d’informations sur la mise en œuvre de cette nouvelle mission qui lui a été confiée.

À l’heure actuelle, aucune info officielle

En résumé, le consommateur n’a aucun moyen de savoir ce que contiennent les cigarettes actuellement commercialisées. Sauf à se tourner vers les informations publiées par les fabricants eux-mêmes. Plusieurs groupes fournissent en effet ces données. Par exemple, Philip Morris, qui commercialise aussi Chesterfield et Marlboro ; British American Tobacco, qui vend les marques Lucky Strike ou Winfield ; ou encore Japan Tobacco International, notamment propriétaire de Camel et Benson & Hedge.

Mais ces informations sont beaucoup moins détaillées que sur le site du LNE… et ne sont accessibles qu’en anglais.

Des cigarettes qui n’auraient plus le même goût

Il est donc impossible de savoir si les fabricants ont profité de l’arrivée du paquet neutre pour modifier la composition de leurs produits, comme le soupçonnent certains fumeurs :

Même constat de la part d’Éric, qui nous écrit : « Il n’y a pas que le paquet qui a changé ! Clairement elles n’ont plus le même goût. J’ai demandé à ma buraliste qui m’a dit que je n’étais pas le seul à m’en rendre compte. Un commercial de chez Lucky Strike lui aurait confirmé qu’ils en ont profité pour mélanger les références et qu’il n’y a pas de correspondance entre l’avant et l’après paquet neutre. »
L’industrie du tabac continuerait-elle à nous enfumer ?

Source: 60 millions