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DRAISIENNE ARCHOS URBAN eSCOOTER

 

Premières impressions

Publié le : 17/12/2016

 

Archos, connu pour ses smartphones, se lance dans la mobilité urbaine électrique. Pour inaugurer sa gamme, le français n’a pas choisi une monoroue, ni même une trottinette, mais un drôle d’engin plus proche de la draisienne, baptisé Urban eScooter. Pour 600 €, Archos promet une vitesse de 20 km/h et 30 km d’autonomie. Il vante également un compagnon facile à emporter partout, confortable pour des déplacements quotidiens. L’Urban eScooter affiche, il est vrai, plusieurs points forts. Mais aussi de nombreux défauts.

 

Archos sait décidément bien prendre les virages. L’entreprise française, qui s’est fait connaître avec des baladeurs MP3 dans les années 2000 avant de s’orienter vers les tablettes tactiles en 2012 puis vers les smartphones un an plus tard, s’essaye au créneau porteur du moment : la mobilité urbaine. Elle s’est associée au spécialiste chinois Airwheel, et c’est un bien curieux engin qui inaugure la gamme. Pas de monoroue, ni de trottinette, ni même d’hoverboard (skateboard électrique) : pour faire ses premiers tours de roue, Archos a choisi… une draisienne. Réapparue au rayon jouet pour aider les enfants à trouver leur équilibre, la draisienne voudrait séduire les adultes. Avec l’Urban eScooter, Archos rêve notamment de convertir les 80 % d’actifs travaillant à moins de 10 km de chez eux (1) qui prennent encore leur voiture chaque matin.

Moteur puissant, frein stressant

Pas sûr qu’il y parvienne avec ce drôle d’engin, même s’il ne manque pas d’arguments. L’eScooter est d’abord… ludique. Ne boudons pas le plaisir d’avancer sans aucun effort, même si par les fraîches températures de décembre, le coup de froid guette. Ensuite, l’accélérateur à gâchette révèle un engin réactif qui atteint les 20 km/h en quelques secondes. Archos annonce que le moteur (350 W) encaisse les pentes à 15°. L’eScooter a gravi la route sans aucun problème entre la place de la République et la Porte de Bagnolet, à Paris (et ça grimpe !). C’est dans l’autre sens que l’on frémit : le frein électrique, sous forme de bouton, n’inspire pas du tout confiance. Moins en tout cas qu’un bon vieux frein mécanique à patin ou à disque. À l’arrêt en haut d’une pente, il ne permet d’ailleurs pas de bloquer les roues pour ne pas reculer. Mais ce frein s’est avéré efficace tout au long de notre prise en main, et même, à vrai dire, assez doux.  Le bouton rouge à gauche du guidon permet de freiner.

Compacte et bien équipée

Archos annonce une autonomie de 25 à 35 km que nous n’avons jamais atteinte. La batterie, annoncée comme un modèle Panasonic de 18 650 mAh (difficile à vérifier), se recharge complètement en quelques heures. Un port USB permet de l’utiliser pour recharger son smartphone. Bonne nouvelle : cette batterie est amovible. On peut donc laisser la draisienne au garage quand vient le moment de la recharger. Tant mieux, parce que le véhicule pèse plus de 14 kg (batterie comprise). Ce poids exclut d’ailleurs un usage « multi-modal », c’est-à-dire en complément du métro ou du bus. La draisienne ne se transporte pas aussi facilement qu’une trottinette électrique de 10-12 kg, surtout que le format ne s’y prête pas. Grâce à son cadre en X, l’Urban eScooter est néanmoins pliable. Rabattez le guidon et la selle, puis tournez le petit loquet situé au centre de la croix et rabattez l’accordéon, vous obtiendrez un bloc compact de 95 x 45 x 20 cm environ. Les petites roues (8 pouces) jouent en sa faveur question encombrement. Facile à ranger dans un coffre de voiture, donc, mais impossible à porter à bout de bras.

Phare à l’avant, réflecteur à l’arrière, béquille, indicateur à LED de niveau de batterie : l’eScooter est bien équipé. Une application, à télécharger sur le Google Play Store ou l’App Store, l’accompagne. Vous pourrez fixer votre smartphone sur le guidon de la draisienne (un système aimanté moyennement efficace…) et accéder à l’appli pour consulter votre vitesse et votre direction, accéder à un plan ou modifier la vitesse maximale.  

L’Urban eScooter une fois pliée.

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Drôle d’engin, drôle de position

Utiliser l’eScooter ne présente aucune difficulté. Pliez la béquille, enfourchez-le, trouvez le premier cale-pied, et accélérez, tout simplement. Contrairement à une monoroue, qui exige une concentration de tous les instants, il est assez stable pour laisser son esprit divaguer. Mais la position prête à sourire. Ni trottinette, ni vélo, la draisienne évoque plutôt le déambulateur des temps modernes. En outre, avec sa selle et sa vitesse de 20 km/h, elle est en plein dans le flou de la réglementation concernant l’usage des « PLEV » (Personnal Light Electric Vehicule). Surtout, le confort n’est pas optimal. À la selle un peu glissante s’ajoute l’inefficacité des amortisseurs : les irrégularités du trottoir et les pavés, fréquents à Paris, mettent les vertèbres à rude épreuve. La petite taille des roues accentue cette sensibilité aux obstacles, et la gomme dure de la roue arrière (la roue avant, elle, est gonflable), n’arrange rien. Autre limite, tout le poids est concentré à l’arrière. Moteur dans la roue arrière, corps du pilote, batterie juste en dessous… Conséquence, la roue avant de la draisienne a tendance à se soulever lorsqu’on démarre d’un coup sec.  

 

L’embarras du choix

L’Urban eScooter ne fait pas exception : aucun des différents engins que nous avons pris en main n’est exempt de défauts. Mais la concurrence est déjà rude sur ce marché naissant, et c’est d’ailleurs tant mieux pour le consommateur. En octobre dernier, la première édition du Salon Autonomy, consacré à la mobilité urbaine, a réuni des dizaines d’exposants à Paris. Archos a toutefois un avantage : la marque est connue des consommateurs. Elle permet donc de croire en des produits de qualité et en l’existence d’un service après-vente (ce qui n’est pas toujours le cas). Le français prévoit déjà d’étoffer sa gamme avec d’autres petits véhicules électriques au premier trimestre 2017. Reste à voir si, pour leurs petits déplacements quotidiens, les consommateurs prendront le même virage.

Notes

(1) Source Insee, Insee Première, juin 2016.