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PÉNURIE DE BEURRE POUR LES GALETTES BRETONNES

 

Le prix du beurre flambe. Des pénuries sont à craindre, surtout pour les fameux biscuits traditionnels bretons. Mais les éleveurs français sont réticents à produire du lait, sa matière première, qu’ils vendent à perte.

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Moins de beurre pour les gâteaux bretons? Galettes de Pont-Aven, Kouign amann et autres délices pourraient bientôt se mettre à la diète. Le prix du beurre flambe: il atteint en ce mois de janvier son plus haut niveau depuis dix ans. Son cours avait déjà plus que doublé en 2016. Contactées par Le Figaro, les grandes biscuiteries de Traou Mad ou la Trinitaine ne souhaitent pas s’exprimer sur ce sujet sensible pour nos papilles. «Le prix du beurre a augmenté, confirme Audrey Le Lann, de la biscuiterie artisanale La Lorientaise. Mais si jamais nous étions confrontés à une pénurie, nous ne baisserions pas la qualité de nos biscuits!»

Crise du lait

L’équation est simple. Moins de lait, c’est moins de matières grasses pour produire du beurre. Les deux sont indissociables: la crème du lait sert à fabriquer du beurre. Or, les agriculteurs français rechignent à en produire… La collecte laitière accuse un repli d’environ 3%. «Nous sommes à genoux, se désole Boris Gondouin, président de l’Association des producteurs de lait indépendants (APLI). Produire du lait nous coûte 450 euros la tonne, pour des ventes à 300 euros en moyenne, c’est terrible.»

Principale raison: la chute des cours, depuis la fin des quotas. Les agriculteurs européens ont le droit désormais de produire autant de lait qu’ils le souhaitent, mais les débouchés commerciaux manquent. C’est la surproduction.

Des stocks de poudre

Bruxelles stocke donc des tonnes de poudre de lait (sans matières grasses): une tentative pour faire augmenter les cours du lait et donc juguler la crise. L’Union européenne incite aussi à moins produire en versant des compensations aux éleveurs. L’arrivée d’un nouveau logo s’ajoute à ces facteurs. Pour afficher un «lait collecté et conditionné en France», beaucoup d’industriels achètent français depuis 2015. Ils ne veulent plus se fournir ailleurs en Europe. Malgré tout cela, les coopératives qui transforment et commercialisent le lait ne paient pas plus cher les producteurs, selon Boris Gondouin. Et les ventes de beurre ne compensent pas celles de lait.

La faute aussi à la météo. «2016 a été une belle année, chaude, souligne Marie-Paule Pouliquen, responsable marketing de Paysan Breton. Mais d’un point de vue agricole, les éleveurs ont eu du mal à produire leur propre fourrage pour leurs bêtes. En acheter ailleurs, en France ou à l’étranger, génère un surcoût économique trop important.»

La Chine en cause

Au final, le beurre manque. Paysan Breton a ainsi perdu 2% de ses ventes annuelles, avec des ruptures partielles de produits en supermarchés et hypermarchés en novembre et décembre. «Pas question de compenser par des achats ailleurs qu’en Bretagne, nous sommes engagés vis-à-vis de nos clients et de nos éleveurs», souligne Marie-Paule Pouliquen. Scandale sur l’huile de palme oblige, la matière grasse animale redevient tendance auprès des industriels, ce qui n’arrange rien. Et l’Asie en importe de plus en plus. Les exportations de beurre français vers la Chine auraient augmenté de 46% entre janvier et août 2016, d’après La Tribune. Une tendance confirmée par Paysan Breton, qui avance ses pions dans le pays depuis deux ans.

Cette pénurie, une «intox»? «Il y a peut-être une part de spéculation, estime Boris Gondouin, de l’APLI. Lidl nous a parlé récemment de difficultés à remplir leurs rayons de beurre. On ne sait pas qui dit vrai.» Le beurre peut en effet être congelé et stocké.

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Source: Le Figaro