MIGRATIONS DES EMBALLAGES DANS LES ALIMENTS
Des distributeurs prennent les devants
Publié le : 02/12/2016
Alors que le gouvernement tarde à prendre position, des acteurs majeurs de la distribution se sont engagés à ne plus utiliser d’emballages contenant des encres minérales potentiellement toxiques pour leurs produits alimentaires de marques distributeurs.
L’affaire avait fait couler beaucoup d’encre en avril 2016. Contaminées par des encres minérales présentes dans leur emballage, des lentilles corail de la marque Auchan avaient été pointées du doigt par l’association Foodwatch avant d’être ôtées des rayons par le distributeur. Un retrait qui ramenait dans le débat public la question des huiles minérales d’hydrocarbures aromatiques (MOAH). Des substances que l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) estime « potentiellement cancérogènes et mutagènes ». Et également soupçonnées d’être des perturbateurs endocriniens.
Dès 2011, l’UFC-Que Choisir alertait sur la dangerosité de ces substances surtout présentes dans les encres des emballages à base de papier recyclé et susceptibles de contaminer les aliments. Aujourd’hui, si le gouvernement et Bruxelles tardent à prendre des mesures pour interdire l’utilisation de ces encres alimentaires, les distributeurs ont décidé de prendre les devants, conscients que ces huiles entachaient leur image. En effet, les paquets de lentilles Auchan sont loin d’être les seuls produits concernés, tous les produits secs (riz, pâtes, couscous, corn flakes, cacao en poudre…) qui présentent une surface de contact importante avec l’emballage et une durée de conservation longue étant particulièrement exposés.
Des changements attendus pour 2017-2018
Premier distributeur à avoir pris position sur le sujet, Leclerc annonçait début novembre via le blog de son président Michel Edouard Leclerc travailler en collaboration avec l’association Foodwatch à l’élaboration d’un nouveau cahier des charges pour Scamark, l’emballeur de ses marques propres (Marque Repère, Nos régions ont du talent, BioVillage et €co+). Les emballages à risque devront être modifiés d’ici le 1er semestre 2017. Plusieurs solutions technologiques sont envisageables : utiliser des barrières fonctionnelles dans les emballages carton, remplacer le carton recyclé par du carton vierge ou utiliser des encres à faible taux de migration. Le distributeur s’engage également à ne plus commercialiser de produits de marques nationales présentant un risque à compter de la campagne de négociation commerciale 2017-2018 qui court habituellement d’octobre à février de l’année suivante.
Tout comme Leclerc, les distributeurs Carrefour, Lidl, Intermarché, Système U et Casino se sont également engagés à prendre des mesures contre la migration des huiles minérales d’hydrocarbures aromatiques dans leurs emballages de marques distributeurs. Sans s’engager pour l’heure concernant les autres marques disponibles dans leurs rayons.
Du côté des fabricants, quelques-uns ont franchi le pas, comme la firme Mars Petcare & Food, qui produit notamment le riz Uncle Ben’s. Mais c’est loin d’être le cas de l’ensemble de la filière. Seul un engagement clair du gouvernement et de Bruxelles via l’édification de normes réglementaires permettrait d’effacer une bonne fois pour toutes ces encres de l’ensemble de nos aliments. Lors de nos analyses en 2011, nous en avions retrouvé aussi bien dans de la semoule de couscous, des pâtes alimentaires, du riz ou de la chapelure.