ABATTOIRS
Le contrôle vidéo mis à mort ?
Publié le : 17/12/2016
La proposition d’un contrôle vidéo sur les chaînes d’abattage, évoqué dans le cadre de la loi sur le respect des animaux en abattoir, a été supprimée par la commission des affaires économiques qui examinait le futur texte de loi le 14 décembre 2016. Une décision vivement contestée par les députés à l’initiative de la loi qu’ils jugent dénaturée par ce retrait.
Le grand projet de loi sur l’abattage des animaux de boucherie a accouché d’une souris. C’est le constat amer que tire le député Olivier Falorni, responsable de la commission d’enquête sur les conditions d’abattage créée en avril à la suite de plusieurs vidéos de maltraitance diffusées par l’association L214 qui avait réveillé les consciences face aux conditions parfois insoutenables dans lesquelles les animaux de boucherie vivaient leurs derniers instants. Un groupe de réflexion qui aura siégé 6 mois, effectué 4 visites inopinées dans des abattoirs et auditionné une centaine d’acteurs gravitant dans ou autour des abattoirs (éleveurs, ouvriers et vétérinaires en abattoirs, représentants des cultes…).
Ce travail de longue haleine avait abouti en septembre sur 65 propositions pour améliorer les pratiques et assurer plus de transparence autour de ces lieux décrits comme de véritables boîtes noires. Certaines propositions relevaient de la pratique ou du pouvoir réglementaire (augmenter le recrutement de vétérinaires, soumettre les fabricants de matériel d’étourdissement à un agrément…). D’autres supposaient une modification législative. Parmi elles, une proposition phare rendant obligatoire l’installation de caméras dans toutes les zones des abattoirs où des animaux vivants sont manipulés. Une mesure qui avait suscité la polémique, ses opposants invoquant un possible détournement de son usage à des fins productivistes ou de « flicage » des salariés.
Au grand dam des défenseurs de la loi, la proposition de contrôle vidéo a finalement été supprimée du texte retenu par la commission des affaires économiques le 14 décembre. Dans un communiqué, Olivier Falorni, rapporteur de la loi, « regrette vivement cette position extrêmement conservatrice de la commission alors même que la proposition de loi initiale avait été signée par des représentants de tous les groupes politiques composant l’Assemblée nationale ». Au point de voter contre le texte sous sa forme actuelle. Le contrôle vidéo sera quant à lui proposé en séance publique et soumis au vote du Parlement le 12 janvier. « Chacun devra, alors, assumer sa position », conclut le parlementaire.