SAUMON: LE BIO N’EST PAS IRREPROCHABLE
Selon nos analyses de saumons fumés et frais, les normes sanitaires sont globalement respectées. Mais le bio est loin d’être indemne de tout toxique.
Tout n’est pas rose au pays du saumon. Pas tout noir non plus, d’ailleurs. La bonne nouvelle : les saumons conventionnels vont mieux qu’il y a deux ans.
La mauvaise : les saumons bio, particulièrement ceux vendus aux rayons frais, sont davantage contaminés que les autres, et dans des proportions plus importantes que lors de nos tests précédents en 2014. Et ce, que les poissons viennent de Norvège ou d’Irlande, fief de l’aquaculture biologique.
Nous avons mené, ces dernières semaines, différentes analyses sur 10 pavés de saumon frais et sur 15 variétés de saumon fumé. Premier résultat, la contamination en métaux (mercure et arsenic) s’avère plus forte pour les pavés de saumon frais bio de notre échantillon que pour les conventionnels.
Analyses nutritionnelles, mesures des teneurs en métaux lourds, dioxines et PCB, pesticides, médicaments… Retrouvez les résultats détaillés de notre étude dans le n° 521 de 60 Millions de consommateurs (décembre 2016).
Concernant le mercure, les teneurs retrouvées restent, heureusement, bien en deçà de la limite réglementaire (0,5 mg/kg de poisson frais), le maximum étant atteint avec la référence Olsen (0,05 mg/kg). Quant à l’arsenic, les teneurs sont très variables d’une référence à l’autre.
L’arsenic provenant en grande partie de la croûte terrestre, on peut comprendre que la chair des poissons sauvages en contienne. Mais pour les autres ? Les différents experts que nous avons sollicités sont formels : l’environnement a un effet minime sur la contamination des poissons d’élevage.
L’alimentation en question
« Indéniablement, un certain nombre de polluants est apporté par la nourriture, explique Fabrice Teletchea, spécialiste de la domestication des poissons à l’université de Lorraine. Elle est composée en partie de farines et d’huiles animales, issues de poissons sauvages susceptibles d’accumuler ces résidus. »
Mais le plus surprenant de nos résultats est la présence de quatre résidus de pesticides dans les seuls produits bio. Tous ces pesticides – des organochlorés – sont interdits depuis plusieurs années et, comme les autres polluants, ils sont liés aux filières d’approvisionnement.
Les fumés s’en sortent mieux
Les 15 références de saumons fumés de notre essai s’en sortent mieux. Un résultat lié sans doute au mode de préparation du produit : en retirant les parties riches en tissus graisseux, on réduit les contaminants.
Enfin, et parce que le saumon reste un mets de choix pendant les fêtes de fin d’année, nous avons demandé à soixante amateurs de déguster ces saumons fumés. Les références les plus chères ne sont pas forcément celles qui obtiennent les meilleures notes…
Patricia Chairopoulos. Ingénieur : Farid Bensaïd
Avec Thalassa, notre étude en images
Partenaire de 60 Millions pour nos tests sur les saumons, l’émission Thalassa (France 3) proposera ce vendredi 25 novembre à 20h55 un reportage intitulé Planète saumon : enquête sur le poisson préféré des Français.
L’équipe a tracé les principales filières qui alimentent les étals français. L’un des leaders mondiaux du marché du saumon, Marine Harvest, soucieux d’améliorer l’image de marque de la filière après le salmon gate de fin 2013, lui a ouvert ses portes.
En Norvège pour le saumon conventionnel et en Irlande pour le bio : écloserie, usine d’abattage, mais aussi usine d’alimentation destinée aux poissons… on remonte doucement le cours de ce qui n’est pas franchement un long fleuve tranquille. Avec aussi quelques apartés indispensables avec différents toxicologues et autres scientifiques pour éclairer les résultats de nos tests
source: 60 millions