SELECTIONNER SON TYPE D’HUILE D’OLIVES
Les règles d’or pour sélectionner son huile d’olive
L’huile d’olive n’est pas un corps gras comme les autres. C’est un univers complexe, une palette infinie de saveurs, en un mot, toute une culture. Le choix d’une huile d’olive exige donc une connaissance minimale des critères de qualité et de typicité. Voici les règles d’or à respecter pour éviter d’être déçu.
SOMMAIRE
→ Test Que Choisir : Comparatif Huiles d’olive
Conséquence directe de la vogue du régime crétois, la consommation d’huile d’olive en France a triplé en 15 ans. Une augmentation qui va de pair avec la diversification des produits dans les linéaires. Provenance, terroir, qualité du fruité…. Les mentions se multiplient sur les étiquettes. Comment faire la part du marketing dans toutes ces indications ? Et surtout, comment faire son choix en fonction de ses goûts, de son budget et de l’utilisation que l’on veut faire du produit ? Quelques éléments de réponse.
L’origine
La mention de la provenance est obligatoire sur l’étiquette des huiles commercialisées dans l’Union européenne. Elle indique à la fois l’origine des olives et le lieu de production de l’huile. Pour autant, le consommateur n’est pas forcément mieux informé, car la plupart des produits proposés dans le commerce sont des mélanges d’huiles de diverses provenances (Espagne, Italie, Grèce, Tunisie…) reconnaissables à des mentions comme « huiles d’olive de l’Union européenne » ou même « assemblage d’huiles d’olives originaires de l’UE et non originaires de l’UE » (autant dire le monde entier !). L’indication d’un pays d’origine unique n’apporte pas forcément plus de précision, notamment lorsqu’il s’agit de très gros producteurs d’huile d’olive comme l’Espagne ou l’Italie, où tous les niveaux de qualité coexistent. En revanche, les logos « huile d’olive de France » ou « Sud de France » (marque de la région Languedoc-Roussillon) sont plus cohérents, car ils désignent un territoire beaucoup moins vaste. Toutefois, si l’on recherche une huile typée, le mieux est d’orienter son choix vers des produits bénéficiant d’une appellation d’origine (AOC/AOP), qui garantit le lien entre le produit et son terroir, entendu au sens large (sol, climat, savoir-faire). On compte près d’une centaine d’AOP en Europe, dont 42 en Italie, 26 en Espagne et 8 en France (Nyons, Vallée des Baux-de-Provence, Aix-en-Provence, Haute Provence, Nice, Nîmes, Corse, Provence). Une vérification qui permet d’éviter à coup sûr les fausses huiles de terroir parfois vendues sur les marchés provençaux, les foires locales ou les stands de bord de route. Sauf si l’origine France est clairement indiquée, il s’agit généralement de produits d’assemblage issus de l’Union européenne que l’on trouve pour moitié moins chers en grandes surfaces.
Bio ou pas bio
Les huiles d’olive portant le logo AB se multiplient dans les grandes surfaces et c’est tant mieux, car les méthodes de culture bio s’inscrivent dans une démarche de respect de la nature, afin de livrer des produits plus sains tout en préservant l’environnement. Mais attention, si la certification « agriculture biologique » garantit l’absence de traitement chimique des olives, il n’a pas forcément d’impact sur la qualité intrinsèque de l’huile.
Le fruité
Le moment de la récolte influe sur le fruité des olives.
On classe le fruité d’une huile d’olive selon trois familles de goût.
• Le fruité vert caractérise les huiles issues d’olives récoltées quelques jours avant leur pleine maturité, quand leur couleur est « tournante », c’est-à-dire qu’elle passe de verte à purpurine. Ce sont souvent les plus qualitatives, car les plus aromatiques et les plus riches en polyphénols. Au nez et en bouche, les sensations herbacées dominent. On peut y trouver des arômes d’artichaut, de poivron et de fruits verts. Ces huiles peuvent présenter de l’ardence et/ou de l’amertume, dues à la fraîcheur des olives au moment de la trituration (opération visant à extraire l’huile des olives).
• Le fruité mûr s’obtient avec des olives récoltées mûres et noires. L’huile a alors des saveurs plus douces (peu ardentes et peu amères), avec des arômes d’amande, de fruits rouges ou jaunes, de tilleul ou des arômes floraux.
• Le fruité noir, enfin, est élaboré selon une méthode ancestrale nécessitant un début de fermentation des olives dans des conditions contrôlées (temps et température). Il en résulte une huile crémeuse, aux arômes particuliers de cacao, de champignons et de sous-bois, appréciée de certains amateurs.
« À consommer de préférence avant… »
La mise en bouteilles, et non l’année de récolte, détermine la date optimale de consommation.
Cette mention obligatoire indique la durée (en général de 18 mois après l’embouteillage) pendant laquelle l’huile doit conserver toutes ses qualités. Mais attention, cette date n’est pas calculée à partir de l’année de récolte mais de celle de la mise en bouteilles. Or, beaucoup de produits de grande consommation mélangent des huiles de millésimes différents : on peut ainsi trouver une huile composée de 20 % de 2011, 15 % de 2012, 30 % de 2013 et le reste en 2014, avec une date limite affichée en fonction de la date d’embouteillage ! Or, contrairement au vin, l’huile d’olive vieillit mal. Seule garantie pour le consommateur : l’indication de la date de récolte des olives, hélas rarement mentionnée sur les bouteilles. Et dans tous les cas, mieux vaut consommer l’huile d’olive au cours de son année de production et dans les trois ou quatre mois après l’ouverture de la bouteille. Il faut aussi la conserver dans un endroit frais et sec, à l’abri de la lumière et de la chaleur, car elle est très sensible à l’oxydation et au rancissement qui en résulte. Certaines huiles sont d’ailleurs conditionnées en bidon métallique pour les préserver de tout contact avec la lumière.
Une huile pour quel usage ?
Suave ou fruitée, fraîche ou longue en bouche, d’une grande finesse ou d’une rusticité intense, la palette gustative des huiles d’olive est très riche. Il en va donc de l’huile d’olive comme du vin. Son marché est très segmenté, du tout-venant aux grands crus, avec une hiérarchie de prix correspondant grosso modo à ces différences de qualité. Ainsi, une huile de Toscane produite à quelques dizaines d’hectolitres sur un terroir d’exception peut-elle valoir 40 ou 50 € le litre, alors que le prix plancher des produits industriels démarre à 4 ou 5 € le litre. Ces dernières ne sont pas nécessairement de mauvaise qualité, mais elles manquent de caractère car elles résultent d’assemblages de plusieurs huiles provenant de régions et de variétés différentes, afin d’obtenir au final une qualité et un goût accessible au plus grand nombre. Elles conviennent parfaitement pour la cuisson, car la plupart des arômes de l’huile sont détruits par la chaleur. On a donc tout intérêt à avoir plusieurs huiles dans son placard, l’une, basique, pour la cuisine, et les autres, plus subtiles, que l’on appréciera pleinement sur des préparations à cru.
Apprendre à déguster
Votre palais sera toujours votre meilleur guide. Comme pour le vin, il faut donc apprendre à déguster les huiles d’olive afin d’apprécier pleinement leurs différences. On distingue ainsi les huiles de type « fruité vert » aux saveurs végétales (herbe, foin coupé, poivron, artichaut, tomate verte…), car elles proviennent d’olives récoltées presque vertes, alors que les huiles de type « fruité mûr » auront des saveurs plus douces. À ne pas confondre avec le « fruité noir », caractéristique de l’AOC Provence en « olives maturées ». Ce type de produit est élaboré selon une méthode ancestrale nécessitant une phase de fermentation des olives dans des conditions bien particulières. Il en résulte une huile crémeuse, aux arômes de cacao, de champignons et de sous-bois, appréciée de certains amateurs. Néanmoins, toute trace de fermentation constituant, vis-à-vis de la réglementation européenne, un défaut organoleptique, ce type d’huile est classé en vierge et non en « vierge extra ». Ce qui, en l’occurrence, ne préjuge en rien de leur qualité intrinsèque.
→ Test Que Choisir : Comparatif Huiles d’olive ( suivre le lien)